Quel est ton histoire avec la musique ? D’où viennent tes influences musicales ?
Depuis tout petit, la musique me fascine. J’adore en écouter et encore plus la partager avec les autres. Je m’imposais même comme DJ familial en voiture, en choisissant les playlists pour mes parents ! Plus tard, avec un ami, on s’amusait à imaginer des émissions de radio, en jouant avec nos 45 tours. C’était vraiment un désir pour moi de vouloir partager la musique. Mes parents écoutaient des groupes comme les Beatles ou Pink Floyd. Mais c’est en découvrant des groupes comme Depeche Mode ou The Cure que j’ai vraiment trouvé ma propre voie musicale. Puis, en explorant l’électro et la techno, tout s’est enchaîné
Quand a commencé ta carrière de DJ ?
J’ai commencé a jouer professionnellement en 1992. j’ai beaucoup travaillé en discothèque. À la base, je suis un DJ généraliste frustré de ne pas pouvoir jouer la musique que j’aimais. Dans les années 1990, à Clermont, il n’y avait pas de scène techno, alors en tant que DJ, c’était soit de la musique généraliste, soit rien. J’ai commencé en jouant du rock, de la pop, de la funk. Les discothèques n’étaient pas spécialement un rêve pour moi, mais c’était le seul endroit où je pouvais jouer de la musique.
Tu as vu évoluer le métier de DJ et les tendance au fil des années. Qu’est-ce qui a changé selon toi ?
À l’époque, il n’y avait qu’un seul DJ par boîte, souvent accompagné d’un apprenti. Aujourd’hui, chaque soirée a son DJ, et il y a beaucoup plus de DJs qu’avant. La musique électronique est devenue plus accessible et mieux acceptée. Ce qui était autrefois marginalisé est aujourd’hui largement reconnu. C’est incroyable de voir comment cette musique a évolué. Par exemple, entendre que la « French Touch » pourrait être reconnue comme patrimoine de l’UNESCO aurait été impensable il y a 25 ans.
Tu as récemment joué aux Nuits Sonores à Lyon. Quel a été ton ressenti ?
J’étais très flatté. Cela faisait longtemps que je voulais y participer. C’est une belle reconnaissance, surtout en tant qu’artiste de la région Rhône-Alpes Auvergne. J’étais ravi.
En dehors du fait d’être DJ tu as aussi co-crée le Club 101 à Clermont Ferrand, pourquoi cette ville ?
C’était ma ville d’origine, et il n’y avait pas grand chose. Cela m’a permis de partir d’une page blanche et de proposer une autre vision de la musique : de la house, du disco, de la techno. Si j’étais arrivé dans une ville où il se passe déjà plein de choses, j’aurais dû me frayer une place avec moins de liberté. Là, j’ai eu l’espace pour construire quelque chose à ma manière.
Comment l’ouverture avait été accueilli ?
Très bien. Il y avait une attente, on été en plein boom avec le renouveau de la techno, avec des lieux comme Concrète ou le Berghain. On serait arrivé 5 ans avant, ça aurait été plus difficile avec la scène Edbanger. Puis j’avais déjà organisé des soirées dans ce club dans les années 90, 2000 et j’avais déjà une petite communauté qui me suivais.
14 années d’ouverture ce n’est pas rien, c’est quoi la bonne formule pour avoir un bon club ?
Pour moi, un club c’est une bonne porte, des toilettes à peu près propres, de la bonne musique et quelqu’un de charismatique au bar
Aujourd’hui le club n’est plus et beaucoup de lieu alternatif en France ferme. Tu as une explication ?
Une baisse de fréquentation a été observée progressivement, avec un fort impact durant la période de COVID évidement. Avant cette crise, il y avait déjà un léger déclin perceptible, mais le confinement et les restrictions ont profondément modifié les habitudes. Beaucoup de personnes, notamment les jeunes générations, ont découvert de nouvelles manières de consommer la musique et de sociabiliser, en privilégiant les événements en streaming ou les rassemblements privés dans des appartements plutôt que les sorties en club.
Après la pandémie, l’affluence a été importante pendant un mois mais les habitudes prises pendant le confinement ont perduré. Les jeunes qui n’avaient pas encore intégré la culture des clubs n’ont pas adopté ce réflexe après la crise. Parallèlement, une évolution musicale s’est produite, avec des changements dans les styles et les genres dominants. La techno, autrefois au cœur de la scène, a perdu de son attrait auprès de la nouvelle génération, tandis que des mouvements comme la hardtechno ou le retour de l’eurodance sont revenu.
J’ai des difficultés à me connecter aux nouvelles tendances musicales. J’ai le sentiment que si j’avais tenté de les intégrer, je les aurais sans doute mal interprétées, car ma démarche n’aurait pas été fondée sur une motivation sincère.
Et maintenant, avec la fermeture du club, plus de temps pour des projets personnels ?
J’aimerais mixer davantage à l’extérieur et me concentrer sur ma musique. Après 14 ans de résidence dans un même club, j’ai envie de voir du pays et de me consacrer à la création musicale. Je réfléchis aussi à organiser quelques événements, mais à petite échelle, peut-être deux ou trois par an.